L’art de James Cameron, un processus créatif en 5 étapes

Dans notre DADA dédié à James Cameron, nous présentons ce réalisateur visionnaire à l’esprit inventif et au cinéma spectaculaire engagé. Film après film, il continue de repousser les limites du cinéma. Mais savez-vous comment il réalise ces films que nous chérissons tant ? La Cinémathèque française nous en donne un aperçu avec sa nouvelle exposition « L’Art de James Cameron », du 4 avril 2024 au 5 janvier 2025. Parcourons ensemble les cinq étapes de son processus créatif, découvert lors de l’exposition.

1. Terminator, Aliens, Titanic… tous ces univers éblouissants naissent d’un rêve

Avant d’être un réalisateur et scénariste, James Cameron est surtout un illustrateur rêveur. Dès son plus jeune âge, il a la tête dans les étoiles, dans les livres et dans les films. Son enfance passée dans la forêt canadienne à observer la nature et les animaux, associée à sa passion pour la science-fiction, lui ont inspiré ses chefs-d’œuvre comme Avatar et sa sublime planète Pandora !

L’imagination déjà débordante du jeune artiste est happée par des paysages stupéfiants aux créatures extraterrestres ou faites entièrement de métal, des armes robotiques, des vaisseaux spatiaux… Multiples sujets, à ses yeux primordiaux, qui imprègneront ultérieurement son travail. Par ailleurs, l’homme sera toujours placé au centre de l’œuvre de Cameron : son rapport à la nature, à la machine et à lui-même. 

Ce que l’on voit aujourd’hui à l’écran, Cameron l’a d’abord rêvé. « Le Terminator me vient d’un rêve. La beauté d’Avatar vient d’un rêve – un rêve bien particulier quand j’étais plus jeune ». Et après six décennies de création, Cameron a encore bien des idées en réserve…

2. Premiers croquis, les débuts d’un grand art

Plus jeune, il dessinait constamment. Parmi plus de 300 œuvres originales exposées à la Cinémathèque, nombre d’entre elles sont des croquis de recherches qui montrent une première étape de la création de certaines de ses scènes cultes. Certains dessins exposés correspondent à des projets non réalisés qui nous donnent de quoi rêver ! Et d’autres, très anciens, ont été dessinés par un adolescent qui n’imaginait pas encore qu’ils deviendraient des films salués dans le monde entier.

Lorsqu’une idée émerge, Cameron n’attend pas une seconde ! Même si c’est en plein milieu de la nuit, il se munit vite d’un pastel gras, un crayon et un pinceau et il remplit ses carnets de croquis.

Ses concepts en tête, il réalise ensuite des études préparatoires qui sont des variantes de son premier croquis. Il travaille alors plus en détail les corps, les végétations, les rouages des machines, pour que transparaissent dans ses traits un ancrage dans le réel. Car l’important pour James Cameron, c’est que ces mondes imaginaires, aussi fantastiques soient-ils, nous donnent l’impression d’une certaine familiarité. 

etudes_reine_extraterrestes_cameron
James Cameron, Études sur la reine des extraterrestres, 1984

Ainsi, à la Cinémathèque, les visiteurs découvriront des croquis de l’épave du Titanic réalisés par le cinéaste lors d’une exploration sous-marine, une liste exhaustive des attributs physiques des Na’vis ou encore diverses recherches pour l’apparence du cargo spatial d’Aliens.   

3. Travail d’équipe, prototypes et dispositifs 3D

C’est à partir de cette étape que la réalisation d’un film devient excitante pour Cameron. Maintenant que les concepts sont assez bien définis, il peut faire appel à son équipe d’artistes pour qu’ils laissent libre cours à leur imagination.

Cette étape du processus est primordiale. Le travail avec ses collaborateurs aide Cameron à consolider son projet et à l’ancrer dans la réalité. L’exposition de la Cinémathèque montre d’ailleurs comment des idées peuvent être remaniées par plusieurs cerveaux afin d’aboutir à des illustrations directrices et même des premiers prototypes… 

Ensemble, ils vont également réfléchir à la manière dont les corps doivent bouger. Ils réalisent de nouveaux dessins et peintures pour déconstruire les mouvements et s’assurer qu’ils soient les plus réalistes possibles. De nombreuses créatures occupent les univers du réalisateur : les banshees, des prédateurs volatiles, les tulkans qui tiennent tout des cétacés ou encore les woodsprites qui s’apparentent aux méduses. Ils ont beau être des espèces fantastiques, ces êtres vivants imaginaires bougent comme leurs inspirations, qui sont elles bien réelles. Imaginez le nombre de documentaires animaliers que l’équipe a visionnés !

Cameron garantit aux spectateurs des inventions suffisamment crédibles pour s’immiscer dans leurs plus beaux rêves, ou les plus terribles… 

4. De Titanic à Avatar, des tournages en grand !

Les illustrations achevées, les designs conçus et prototypés, il est temps de préparer le tournage.

Cameron ressort alors le scénario qu’il a écrit durant plusieurs semaines, en parallèle du développement graphique du projet. Pour pouvoir diriger au mieux son équipe lors des tournages, il faut qu’il crée des storyboards. Ils reprennent chaque plan d’une séquence et indiquent les actions réalisées par les personnages, le mouvement de la caméra et les jeux de lumière. De cette manière, il est certain que l’équipe pourra visualiser aussi bien que lui les scènes qu’il a en tête. Les storyboards aiguillent également l’équipe de post-production dans le travail titanesque qui l’attend . 

storyboards_james_cameron
James Cameron, Storyboards pour Terminator, 1983

James Cameron a toujours vu très grand, et tout au long de sa carrière, il n’a cessé de créer et utiliser des technologies cinématographiques de pointe pour répondre aux besoins artistiques de ses films. Rien qu’avec son film Avatar, il perfectionne deux caméras déjà existantes. Il développe la performance capture en ajoutant aux capteurs posés sur le corps des acteurs une petite caméra qui pourra capter chaque micro-expression du visage : le rendu est photo-réaliste et permet de distinguer tous les détails. Le scénariste pousse également l’illusion du relief au maximum grâce à la conception d’une caméra reproduisant la vision stéréoscopique et filmant en 3D : nous avons l’impression d’être à Pandora auprès des Na’vis. 

5. James Cameron, le maître des effets spéciaux innovants

Et oui ! Chez Cameron, la dernière étape de création n’est pas le tournage des scènes. Pour beaucoup de ses films, un travail considérable de post-production est nécessaire pour aboutir à des effets spéciaux aussi vrais que nature.

Si nous attendons des années pour voir chacune de ses œuvres, c’est bien parce que toute la recherche que mène Cameron pour élaborer des merveilles technologiques prend du temps.

Aux débuts du jeune réalisateur, la technologie n’était pas celle que l’on connaît aujourd’hui mais il s’est toujours donné les moyens de parvenir à ses objectifs. Par exemple, dans son tout premier long métrage Terminator, Arnold Schwarzenegger a été transformé en robot assassin grâce à des heures de maquillage et des prothèses très élaborées. 

Dès 1990, James Cameron fait concevoir de nombreuses scènes entièrement par ordinateur. Ces images de synthèse jouent sur la matière, le mouvement et la lumière pour apparaître réelles… Par exemple, le serpent de mer composé d’eau qui subjugue les personnages d’Abyss. Pour l’époque, de telles prouesses techniques démontrent également tout le talent de son équipe.

Et voilà comment on obtient les scènes emblématiques d’un cinéma spectaculaire qui place aujourd’hui Cameron très haut sur la liste des plus grands réalisateurs de l’histoire ! 

Focus sur l’exposition de la Cinémathèque française, à découvrir jusqu’au 5 janvier 2025

Une découverte de pièces rares et inédites tout droit sorties de la collection privée du cinéaste : des illustrations, des peintures aussi bien que des costumes, des accessoires, des photographies et dispositifs 3D. Le tout est ponctué par des outils expérientiels multimédias qui laissent transparaître le développement de ses projets. Presque une autobiographie, Cameron lui-même décrypte sa carrière et le processus créatif qu’il entreprend grâce à des commentaires très personnels, écrits et oraux. 

L’exposition est un voyage exceptionnel à travers l’esprit de Cameron ! Elle est divisée en six parties thématiques : « Rêver les yeux grands ouverts », « La Machine humaine », « Explorer l’inconnu », « Titanic : remonter le temps », « Créatures : humains et aliens », « Les Mondes indomptés ». Gigantesques machineries technologiques, histoires d’amour à la Roméo et Juliette, visions sous-marines, faune et flore extra-terrestres : l’exposition met en lumière plusieurs thèmes et motifs spécifiques à l’œuvre de Cameron. 


Vous souhaitez en savoir plus sur cet artiste, sa démarche et ses films cultes ?

Écrit par Coline Finck - Voir tous ses articles