10 œuvres hyperréalistes à s’en frotter les yeux !

Bienvenue dans la « vallée de l’étrange »… Théorie imaginée par le japonais Masahiro Mori à propos des robots androïdes, elle qualifie les choses qui imitent la réalité si parfaitement qu’on pourrait s’y méprendre. Mais ce côté trop parfait nous interroge, nous inquiète, et peut nous amener à la méfiance. L’hyperréalisme, un mouvement qui s’est développé aux États-Unis dans les années 1960, transfère cette idée dans les arts graphiques. Jusqu’à aujourd’hui, de nombreux artistes à travers le monde y consacrent leurs talents, détournant la réalité jusqu’au moindre détail pour la remettre en question et nous surprendre. Voici 10 œuvres qui sauront éveiller vos mirettes !

Sugar Daddy – Charles Bell

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Enfant, on aimait les mâcher jusqu’à ce qu’elles nous collent aux dents… Ces boules de chewing-gum multicolores n’ont jamais quitté le quotidien de l’artiste américain Charles Bell, qui nous transmet son obsession dans une frénésie glucidique entièrement réalisée à la peinture à l’huile ! Un trompe-l’œil gourmand qui joue avec nos repères et notre capacité à différencier le vrai du faux. Tenté par cette petite incartade ? Allez-y, c’est 0 calorie garantie !

Respire – Vania Comoretti

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Laissons tomber les pinceaux, et place aux prouesses du pastel ! L’Italienne Vania Comoretti en a fait son cheval de bataille et démontre dans chacun de ses portraits une dextérité hors du commun. Et si le rendu n’est pas toujours aussi lisse qu’en peinture, on appréciera justement de voir apparaître le grain du pigment sur la feuille. Des sinuosités séduisantes qui, en plus, savent exprimer une réalité sous-jacente : celle du temps qui passe, de la beauté de l’imperfection, celle-là justement qui distingue l’humain de l’objet. Avec l’encre de Chine, elle approfondit ses noirs, créant des contrastes aussi saisissants que le regard de ses modèles.

Des gens et du papier – Arinze Stanley

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Ce n’est pas une maison en papier, mais bien une œuvre d’art qui nous a coupé le nez ! Réalisé entièrement au crayon et au fusain, ce portrait photographique que l’on doit au talentueux Arinze Stanley est une mise en abyme : du papier recouvre le visage de ce personnage qui recouvre une grande feuille en papier. Une feuille lisse, mais que l’on pourrait croire chiffonnée comme ce masque tant l’illusion est troublante. Cet amour du papier remonte à l’enfance de l’artiste nigérien, dont la famille dirigeait une fabrique, et qui traverse toute son œuvre, aussi engagée dans la représentation de la figure noire en art.

Wonder Woman – Sharon Moody

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On dirait la photo d’un magazine d’occasion en vente sur Ebay, mais ce que vous avez sous les yeux a été entièrement réalisé à la peinture à l’huile par l’Américaine Sharon Moody. C’est un trompe-l’œil – une chose qui se fait passer pour une autre – un des jeux de l’hyperréalisme auquel l’artiste se prête grandiosement. Avec son pinceau, elle esquisse son amour des comics, et surtout de la puissante figure féminine qu’est Wonder Woman, que l’on retrouve dans nombre de ses œuvres. Son superpouvoir de peintre, c’est d’arrêter le temps : les pages sont suspendues dans les airs comme si elles venaient d’être tournées. Le spectateur devient ainsi acteur de l’œuvre à travers la lecture.

Toto – François Chartier

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Mais qui donc a déballé ce cadeau et laissé là ce papier froissé ? Ce ne sont pas d’impatientes petites mains, mais la gestuelle précise du peintre François Chartier qui a créé cette nature morte étonnante. Il n’y a d’ailleurs ni papier, ni vase, ni figurine… Tout n’est qu’illusion ! Enfin presque : en reprenant la technique d’une imprimante, l’artiste a reconstitué point par point cette image à l’aide de son pinceau et d’un peu d’acrylique. Et malgré ces contrastes saisissants, rappelant le flash d’un appareil photo, aucun blanc n’a été utilisé dans cette œuvre ! Seulement les couleurs primaires de l’imprimerie – cyan, magenta, jaune et noir – avec lesquels la réalité devient une trame géante.

Grue – Agathe Verschaffel

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Ici, on aime l’architecture. Mais pas celle aux façades lisses qui agrémentent la plupart de nos rues. L’artiste française Agathe Verschaffel y préfère ce qui ne se voit pas facilement : les arrière-boutiques, les escaliers de secours, les poutres, les tuyaux d’aération… Avec ses peintures hyper-précises, elle fait le tour de ces constructions pratiques, qu’elle rend ainsi fantastiques. On y sent aussi un œil photographique hors pair, avec des contre-plongées vertigineuses qui transforment ces anecdotes urbaines en installations tout à fait monumentales !

Trésors – Antonio Cazorla

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Pas sûr qu’en collant votre oreille contre cette toile, vous entendiez la mer, mais ça ne coûte rien d’essayer ! Dans cette peinture à l’huile d’Antonio Cazorla, les coquillages sont aussi vrais que nature : des stries, des spirales, des surfaces rugueuses et d’autres lisses. Même les marques du temps sont visibles, comme sur cette conque au centre dont la coquille cassée a su se reformer au fil de l’eau. Une belle ode à la vie, au bonheur simple et à la mélancolie des souvenirs d’enfance, immortalisée par un pinceau expert.

À la mode – Anna Halldin Maule

https://www.halldinmaule.com/

Poupée de cire, poupée de son ? Les égéries d’Anna Halldin Maule sont plutôt faites d’huile, et d’une telle magnificence que comme la création de Pygmalion, on pourrait s’attendre à ce qu’elles prennent vie là, sous nos yeux. Une peau sans aspérité dont l’hyperréalisme rend d’ailleurs ces modèles quasi-irréels… et légèrement inquiétants ! À l’heure de dictats de beauté toujours plus fous, l’œuvre interroge : qu’est-ce que le beau ? le pur ? le vrai ? La société doit-elle aspirer à l’uniformisation ou fuir la disparition de l’individualité ? Une question pour laquelle l’artiste suggère quelques pistes de réflexions, en couvrant partiellement ou complètement le visage de ses « poupées ».

Herbes – Jacques Bodin

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Grâce aux peintres hyperréalistes, plus besoin de loupe pour observer la nature. Comme Jacques Bodin, certains l’agrandissent pour nous, permettant ainsi de plonger dans le moindre de ses recoins. Vous l’aurez compris, cette touffe d’herbe est bien une peinture. Chaque brin a sa place, volant et s’enroulant comme dans une spirale. Sortant de la toile, elle suggère l’immense champ dans lequel elle se trouve. Un peu d’infini dans ce microscopique instant immortalisé sur la toile, comme un message écologique : bien après notre passage sur Terre, la nature sera toujours là, prospère.

Rorschach – CJ Hendry

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L’artiste australienne CJ Hendry renverse la réalité : elle dessine aux crayons de couleur… des taches de peinture ! Regardez cette surface sur laquelle semble avoir été étalée de l’acrylique en grosses couches prêtes à se mélanger comme s’il s’agissait d’une palette de peintre. C’est épais, ça luit, coule, s’étale, et se duplique en deux à la manière d’un test de Rorschach. Qu’y voyez-vous : un monstre à quatre yeux ou un papillon ? Il n’y a ni bonne, ni mauvaise réponse. Son œuvre, d’une précision étonnante, surtout lorsqu’on en connaît la méthode, éblouit de ses couleurs lumineuses et de son immensité.

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Écrit par Pauline ILLA - Voir tous ses articles