5 min pour découvrir Niki de Saint Phalle

niki de saint phalle

Sculptures féministes aux silhouettes dansantes, tableaux performances, parcs et jardins entiers… Niki de Saint Phalle est probablement l’une des artistes les plus marquantes du 20e siècle. On vous dit tout sur cette femme engagée qui a révolutionné l’art de son époque ! 

Qui est Niki de Saint Phalle ?  

Figure du nouveau réalisme

Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle, plus connue sous le nom de Niki de Saint Phalle, est une artiste franco-américaine née en 1930 à Neuilly-sur-Seine. Sculptrice, plasticienne, réalisatrice de film, elle a laissé une empreinte indélébile dans le monde artistique grâce à son style reconnaissable entre tous, sa créativité audacieuse et son engagement social.

Niki passe son enfance dans un environnement privilégié, entre la France et New York. Elle suit une éducation religieuse et fréquente des écoles privées. Plusieurs fois renvoyée, elle obtient, non sans quelque difficulté, son baccalauréat, puis commence à travailler comme mannequin. Elle se met en parallèle à la peinture, sans avoir jamais pris de cours, à 21 ans. À cette époque, elle est déjà mariée (avec l’écrivain Harry Mathews) et a un enfant.

Autodidacte et profondément révoltée, elle s’engage rapidement corps et âme dans cette aventure artistique, qu’elle partagera dès les années 1960 avec son nouveau compagnon, l’artiste suisse Jean Tinguely, et les autres membres d’un nouveau courant, surnommés les « nouveaux réalistes ». Ces artistes s’opposent à l’art abstrait et créent souvent à partir de matériaux de récupération, typiques de la société moderne.

Niki de Saint Phalle, une plasticienne engagée

Malgré son enfance passée au sein de l’aristocratie, Niki de Saint Phalle est une rebelle ! Dès ses débuts, ses créations, explosives et non conformistes, renient les normes et les traditions. Elle crée en effet des tableaux-tirs (voir ci-dessous) et affirme que « détruire, c’est affirmer qu’on existe envers et contre tout ».

Pour Niki, il est hors de question de rester à la maison et s’occuper des enfants. Elle ne souhaite pas être l’égale de l’homme : elle veut lui être supérieure ! Elle utilise alors son art comme une arme, une force de transformation et de libération. Ses Nanas, immenses et colorées, aux formes rondes et affirmées, deviennent des icônes de l’émancipation féminine et de la célébration de la diversité corporelle. Niki veut faire en sorte que l’on vénère la femme, elle qu’on a si longtemps négligée.

On retrouve dans chacune de ses œuvres une forme de lutte ou de dénonciation : celle de la condition des femmes, mais également d’autres sujets, comme l’inceste de son père, la violence des armes, la ségrégation, les horreurs commises au nom de la religion.

Niki de Saint Phalle, une artiste complète

Sculptrice, réalisatrice, sérigraphe, plasticienne… Niki de Saint Phalle s’intéresse à tous les domaines artistiques ! Elle est particulièrement curieuse et terriblement passionnée. Elle s’aventure dans le monde du cinéma en tant que réalisatrice – où elle dénonce notamment les abus sexuels qu’elle a subis durant son enfance par son père (son film, Daddy, date de 1973) -, crée des bijoux, imagine des meubles à partir de matériaux récupérés, expose ses œuvres sur les scènes de théâtre… L’artiste explore une multitude de disciplines avec une énergie inépuisable. Jean Tinguely disait d’ailleurs à propos d’elle : « Elle n’arrête pas, c’est infernal » ! 

Les œuvres emblématiques de Niki de Saint-Phalle

Nana power – Les Nanas de Niki de Saint Phalle, ses œuvres les plus connues

Si vous connaissez Niki de Saint Phalle, vous avez forcément déjà vu ses emblématiques Nanas ! À partir de la fin des années 1950, l’artiste a exploré toutes les facettes de la femme à travers des œuvres désormais exposées dans le monde entier. Ces sculptures monumentales en résine représentent des femmes aux formes généreuses et aux couleurs vibrantes, qui délèbrent la féminité sous toutes ses formes : mères, reines, déesses, épouses, femmes modernes libérées des traditions… Souvent au format XXL, ces créations uniques au monde sont devenues des icônes de l’art contemporain.

Parmi les plus connues, on retrouve : 

Hon/elle, 1966

Hon (« Elle » en suédois), c’est le nom de la Nana géante de 28 mètres de long que Niki a réalisée
en 1966. On y entre par ses jambes, et l’on peut même y boire un verre, voir un film ou faire du toboggan. Pour Saint Phalle, cette sculpture, « c’était une kermesse, c’était la joie, c’était le retour à la mère, c’était la plus grande putain du monde. » Cette œuvre immersive, exposée dans le hall du musée d’Art moderne de Stockholm, a suscité bien des réactions à l’époque ! 

Niki de Saint Phalle, Hon/Elle, 1966
Niki de Saint Phalle, Hon/Elle, 1966

Les Trois Grâces, 1999

Parmi les plus anciens symboles de la féminité, on retrouve les Trois Grâces, issues de la mythologie grecque. En 1999, Niki de Saint Phalle représente ces femmes de trois et quatre mètres de haut en train de danser, presque prêtes à s’envoler. Chacune de ces Nanas est peinte de manière distincte : une en blanc, une en jaune et la dernière en noir avec des mosaïques. Elles portent des maillots de bain élaborés, ornés de motifs comme des poissons et des cœurs. 

Niki de Saint Phalle, Les trois grâces, 1999
Niki de Saint Phalle, Les trois grâces, 1999

Les Tirs de Niki de Saint Phalle et autres tableaux-performances

Armée d’une carabine à air comprimé, Niki a transformé l’acte de tirer en une performance artistique vibrante. Partant de ce principe, elle crée de nouvelles œuvres, en cachant sous du plâtre des sachets remplis de peinture (parfois d’œufs frais et de spaghettis à la tomate), en tirant sur ces toiles avec un fusil et en faisant ainsi saigner la peinture !  Les couleurs explosent de tous les côtés, avec une symbolique forte : en tirant sur ces tableaux, elle tire sur son son père, qui l’a violée à l’âge de 12 ans, sur sa mère, sur son frère et sur tous les hommes, sur l’Église, sur la société et ses injustices.

Le Jardin des Tarots et autres œuvres monumentales

La Fontaine Stravinsky, le Cyclop, le Golem, le Paradis Fantastique… Niki de Saint Phalle a aussi créé de nombreuses œuvres XXL à travers le monde ! Fortement inspirée par Antoni Gaudí, elle a notamment longtemps façonné le Jardin des Tarots, ce « jardin de joie », ce « coin de paradis » où certaines sculptures, toujours très colorées, sont conçues comme de véritables habitations (voir ci-dessous).

Où voir les œuvres de Niki de Saint Phalle ? 

Au Jardin des Tarots, en Italie 

S’il y a un endroit où vous devriez aller pour admirer l’œuvre de Niki de Saint Phalle, c’est au Jardin des Tarots, en Italie ! Créé dans les années 1970 et inspiré du Parc Güell, Niki lui a consacré près de 20 ans : « Le Jardin des Tarots était mon époux, mon amour, mon tout. Aucun sacrifice n’était trop grand pour lui. » Influencé par l’univers mystique des cartes de tarot, ce jardin de sculptures massives est devenu une œuvre d’art à part entière, dans lequel il fait bon se promener. 

Au Centre Pompidou, à Paris

À Paris, vous êtes probablement déjà passés à côté de la fontaine Stravinsky, juste à côté du Centre Pompidou. La Sirène, le Renard, Ragtime, Le Serpent, La Mort, La Spirale ou La Grenouille… Les seize sculptures qui composent la fontaine ont été réalisées par Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely en hommage au compositeur russe Igor Stravinsky.

Puis poussez la visite jusqu’au Centre Pompidou, qui abrite une belle collection d’œuvres de l’artiste.

Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, Fontaine Igor Stravinsky, 1983
Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, Fontaine Igor Stravinsky, 1983 (photo Clément Dorval, ville de Paris)

À San Diego, en Californie

Pour découvrir d’autres œuvres in situ de Niki de Saint Phalle, rendez-vous à San Diego, où l’artiste a vécu à la fin de sa vie et qui regroupe un bel ensemble de ses œuvres. Organisez-vous une balade artistique dans la ville et repérez tous les clins d’œil qu’elle y a laissés.

Au Sprengel museum d’Hanovre, en Allemagne

Sur les berges de la Leine à Hanovre, vous pourrez admirer 3 Nanas colorées – les sculptures Sophie, Caroline et Charlotte – autrefois controversées mais désormais particulièrement appréciées des habitants. Vous pourrez aussi retrouver de nombreuses œuvres au Sprengel museum, à qui Niki a légué plus de 400 pièces, ainsi que dans la grotte des jardins royaux de Herrenhausen. 

Lors d’expositions régulières, partout en France et dans le monde

Au Grand Palais ou à l’Opéra Gallery à Paris, aux Abattoirs de Toulouse… De nombreuses expositions ont présenté le travail de Niki de Saint Phalle ces dernières années, et l’artiste continue d’être mise en lumière régulièrement. La Niki Charitable Art Foundation, créée par l’artiste de son vivant, continue de faire rayonner son art à l’international et propose des ressources sur son œuvre et sur les expositions en cours.

Niki de Saint Phalle


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Écrit par Antoine Ullmann - Voir tous ses articles