Tout Léonard de Vinci en une oeuvre

La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne, un tableau iconique de la Renaissance

Que serait la Renaissance italienne sans Léonard de Vinci ? De Florence et Milan au Clos Lucé à Amboise, le génie côtoie les grands noms de l’époque comme Botticelli et Raphaël, mais son grand rival est Michel-Ange. Il est, comme ce dernier, un artiste complet. L’artiste s’essaie à une multitude de techniques : la peinture évidemment, mais aussi la sculpture, l’architecture, le croquis, l’ingénierie…

Il n’y a donc pas que La Joconde et La Cène dans la vie de Léonard de Vinci. D’ailleurs, pour bien comprendre sa peinture, mieux vaut regarder une œuvre que l’on connaît moins… mais tout aussi riche. Zoom sur le tableau La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne, exposé au musée du Louvre.

Léonard de Vinci, Vierge à l’Enfant avec sainte Anne
Léonard de Vinci, Vierge à l’Enfant avec sainte Anne, vers 1502-1513. Huile sur bois de peuplier, 168 x 130 cm. Paris, musée du Louvre. Inv. 776 © Photo : RMN / Franck Raux.

Un sujet classique

Ce tableau représente un sujet religieux. Reconnaissez-vous les personnages ? Il y a la Vierge Marie, accompagnée de son fils Jésus. La seconde femme est sainte Anne. Que fait-elle ici ? Sa présence s’explique facilement : le tableau aurait été commandé par le roi Louis XII en 1499, pour remercier le ciel de la naissance de sa fille Claude. C’est ce que l’on appelle un ex-voto, et celui-ci est dédié à sainte Anne, car elle est la patronne des femmes enceintes.

Léonard utilise fréquemment les sujets bibliques, comme la plupart des peintres de son époque. Mais ce qui rend ce tableau si original, c’est la façon dont le sujet est traité. Ouvrez grands vos yeux…

Une construction parfaite, digne de la Renaissance

Léonard de Vinci travaille plusieurs années sur ce tableau, si bien qu’il ne sera jamais fini à temps, et c’est finalement François Ier qui l’achètera. Au premier regard, la toile paraît simple, mais elle recèle des trésors de détails qu’on ne retrouve que chez le génie. Tout est parfaitement structuré.

Anne est l’axe principal du tableau : elle se trouve au centre de la composition, dominant les autres figures. Sur ses genoux, on reconnaît la Vierge Marie grâce à son manteau bleu. Regardez comme son épaule droite prolonge celle d’Anne : on a l’impression que le bras de l’une devient celui de l’autre. Grâce à cet effet, Léonard rend le groupe de personnages plus harmonieux.

Intéressons-nous à présent à l’enfant Jésus. Que tient-il ? Un agneau, qu’il empêche de tomber dans le vide. C’est un symbole important : dans la religion catholique, le Christ est présenté comme l’agneau de Dieu, celui qui a été sacrifié pour sauver les hommes de leurs péchés. Cet animal fait donc référence à la mort de Jésus, qui finira crucifié. Sous nos yeux, s’offrent donc à la fois le Christ enfant et son destin d’adulte. C’est une idée géniale de Léonard de Vinci !

Un concentré du génie de Léonard de Vinci

Bien qu’il soit en partie inachevé, ce tableau bénéficie des plus grandes inventions de l’artiste. On retrouve la composition pyramidale, avec les trois personnages qui s’inscrivent dans un triangle. Cette forme géométrique, simple et rigoureuse, contribue à l’harmonie de la toile.

Contrairement à la coutume, le peintre a situé la scène religieuse dans un paysage montagneux surprenant. Il peint la nature avec précision, comme ces roches craquelées au premier plan. Quant aux corps, s’ils vous semblent plus parfaits et plus vrais que ceux d’autres tableaux de l’époque, c’est parce qu’en plus d’être ingénieur, le peintre connaît bien l’anatomie.

Et comme toujours, on retrouve une perspective atmosphérique (illusion de profondeur dans le tableau, obtenue par des couleurs qui s’estompent plus on va vers le fond), et surtout le fameux sfumato qui englobe toute la toile et adoucit les visages. Ce tableau, si simple en apparence, est un concentré de Léonard de Vinci à lui tout seul !

Émilie Martin-Neute


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