Exposition « Pionnières » au Musée du Luxembourg

Pionnières - "Suzy Solidor", Tamara de Lempicka, 1935 (Tamara de Lempicka Estate, LLC / Adagp, Paris 2022 / Photo Dada)

Les artistes pionnières du Paris des années folles sont mises à l’honneur au Musée du Luxembourg, jusqu’au 10 juillet. L’occasion de découvrir des femmes souvent méconnues, qui ont cependant participé à tous les mouvements artistiques du 20e siècle.

On parle souvent de pionniers, mais rarement de pionnières. Et pourtant, les femmes ont été nombreuses à être avant-gardistes dans l’art. Le musée du Luxembourg rétablit leur histoire avec une exposition dédiée aux pionnières du Paris des années 1920. Et le premier moyen de connaître ces femmes avant-gardistes, c’est une carte du monde, qui ouvre la visite. Elle montre les lieux d’où viennent la quarantaine de femmes artistes présentes dans l’exposition. Combien d’entre elles vous sont familières ? À moins d’être connaisseur, pas beaucoup…

Pionnières dans tous les domaines

Pour appréhender l’histoire et l’œuvre de ces artistes, le musée du Luxembourg donne des repères non seulement sur la peinture et la sculpture, mais aussi sur la mode, la littérature, les arts de la scène, le cinéma, etc… L’exposition rappelle ainsi que les femmes artistes ont touché à toutes les techniques et ont marqué tous les courants artistiques.

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Juliette Roche, Sans titre, dit American Picnic, 1918 © Fondation Albert Gleizes / Photo : Dada

En peinture par exemple, on croise les portraits pastels et féeriques de Marie Laurencin, les compositions abstraites et colorées d’Anna Beöthy-Steiner, ou bien l’imposante fresque de Juliette Roche, sans titre mais dite American picnic, aux personnages longilignes et symboles de diversité. En sculpture, on peut notamment observer les figures mystérieuses à l’air serein de Chana Orloff, et les bustes en bronze venus d’Afrique d’Anna Quinquaud.

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Stefania Lazarska, Poupée vêtue d’une robe de style Second Empire, 1931 © Droits réservés / Photo musée du quai Branly – Jacques Chirac, dist. Rmn-Grand Palais

Vivre de son art

Plus original, une salle de l’exposition présente bon nombre de marionnettes, réalisées pour des pièces de théâtre, et des poupées. Certaines sont des créations de Marie Vassieliev, d’autres de Stefania Lazarska. L’artiste polonaise a créé à Paris son propre atelier de confection de poupées, habillées de costumes folkloriques. En 1915, elle employait pas moins de 210 personnes, bref une vraie business woman.

La plupart des artistes femmes des années 1920 ne se sont cependant pas distinguées dans une seule forme d’art. Comme elles étaient moins visibles et reconnues que leurs homologues masculins, elles devaient miser sur la pluridisciplinarité pour pouvoir vivre de leur art et être autonomes financièrement.

En quête d’émancipation

La diversité se retrouve aussi dans les origines des artistes exposées. Même si la plupart sont européennes, l’exposition montre quelques œuvres d’artistes non occidentales. Parmi elles, il y a notamment l’artiste hongro-indienne Amrita Sher-Gil et son Autoportrait en tahitienne, ou encore la brésilienne Tarsila Do Amaral et son tableau La famille.

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Tarsila Do Amaral, La famille, 1925 © Tarsila Do Amaral / Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía

Les femmes artistes étrangères ont été nombreuses à s’expatrier à Paris, en quête d’indépendance et de liberté d’expression. Dans un climat d’effervescence culturelle, les femmes peuvent étudier l’art dans des académies privées et côtoyer les représentants des mouvements artistiques en pleine émulation. Au-delà des œuvres des femmes artistes, c’est bien ce Paris des années 1920 que l’exposition dépeint, tout en le mettant en contexte à l’aide de multiples dates. L’exposition montre ainsi un film composé d’archives, qui rappelle le rôle important des femmes pendant la Première Guerre mondiale, période pendant laquelle elles ont été très nombreuses à travailler, pour remplacer les hommes partis au front.

L’exposition s’attaque également à une partie plus légère de l’histoire, à savoir l’ouverture des compétitions sportives aux femmes. On peut observer des vidéos d’époque, notamment du 1er cross-country féminin, organisé en France en 1918. A côté sont suspendues des toiles qui représentent des femmes en pleine activité physique ou à la plage. Plus globalement, l’exposition met en lumière la manière dont les femmes artistes ont représenté le corps de leurs consœurs, en proposant des alternatives au point de vue masculin dominant dans l’art.

Jacqueline Marval, La Baigneuse au maillot noir, 1923 © Collection Privée, Comité Jacqueline Marval / Photo : Dada

Si l’exposition « Pionnières » permet de connaître les noms de femmes artistes des années 1920 et leurs œuvres, elle permet aussi de connaître leur visage. Une grande partie des œuvres sont accompagnées d’une photo de l’artiste. Ainsi, il n’est plus question de les oublier !

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Écrit par Célie Chamoux - Voir tous ses articles