Exposition « Gaudí » au musée d’Orsay

Gaudi

Du 12 avril au 17 juillet, le musée d’Orsay propose une exposition consacrée à l’illustre architecte espagnol Antoni Gaudí. L’exposition présente des pièces très variées, pour connaître l’artiste au delà de ses œuvres phares, comme la Sagrada Família et ou le Parc Güell.

Le maître catalan en plein Paris, alors que ses créations sont presque toutes situées à Barcelone ? C’est en effet le pari de l’exposition « Gaudí » au musée d’Orsay, qui regroupe maquettes, dessins d’architecture, photographies, meubles, tableaux, etc… Tout l’univers coloré et novateur de l’architecte espagnol est réuni ici, lui qui a marqué le courant du modernisme catalan, et celui de l’Art nouveau.

Et pour entrer dans cet univers, quoi de mieux que d’admirer dès le début de la visite d’imposants vestibules en bois aux formes fantaisistes, qui ont auparavant servi dans la Casa Milà. Gaudí s’inspirait beaucoup de la nature pour réaliser ses créations, en créant des formes asymétriques et complexes. Pas franchement conventionnel pour l’époque…

Portrait d’Antoni Gaudí, Photographie réalisée en 1878 à l’atelier de Pau Audouard i Cia, à Barcelone © Musée de Reus

Connaître l’homme derrière l’œuvre

Antoni Gaudí i Cornet est né en 1852 à Reus, alors deuxième ville de Catalogne, dans une famille de chaudronniers. Il étudie à l’école provinciale d’architecture à Barcelone, et une fois son diplôme en poche, il commence à travailler pour d’autres architectes de la ville. La chance lui sourit quand il rencontre le brillant architecte Joan Martorell, qui l’initie à une nouvelle manière de concevoir l’architecture, inspirée d’innovations venues de l’étranger.

Dès 1983, Gaudí commence ses premiers grands projets en tant que « chef ». L’exposition du musée d’Orsay propose de découvrir l’envers du décor des créations de Gaudí, avec une reconstitution en 3D de son atelier. C’est plus précisément le dernier atelier de l’architecte, qu’il a utilisé pendant la construction de la Sagrada Família, et dans lequel il a même vécu les derniers mois de sa vie. Le lieu abritait trois espaces, remplis de maquettes et de parchemins : l’atelier en lui-même, la réserve des moulages et le studio de photographie, avec parfois de drôles d’inventions…

Gaudí a imaginé un système de miroirs qui permettent d’obtenir plusieurs vues simultanées d’un objet ou d’un modèle placé au centre. L’exposition a reproduit ce dispositif et les visiteurs sont invités à le tester. Peut-être même qu’il permet de percer l’espace d’un instant le mystère des créations de Gaudí…

Gaudí et Güell, les inséparables

Loin d’être un génie isolé, Gaudí s’est entouré de mécènes et de collaborateurs qui l’ont épaulé sur ses chantiers, l’un des plus proches étant Josep Maria Jujol. Mais un nom parmi tous les autres revient souvent dans l’exposition, car il est devenu indissociable de l’architecte : Eusebi Güell i Bacigalupi. L’homme est un riche industriel catalan féru d’art. En 1878, il repère une vitrine ornementale réalisée par Gaudí pour l’exposition universelle de Paris. La rencontre a lieu peu de temps après, et ils deviennent amis. Il faut dire que les deux sont liés par leur amour pour la Catalogne et leur foi chrétienne. Güell devient également le mécène de Gaudí, et ni plus ni moins que son principal client.

Güell fait notamment appel à Gaudí pour construire le Palais Güell, une résidence bâtie au cœur du quartier médiéval de Barcelone. Le palais, conçu comme un édifice de la Renaissance italienne, est discret en façade, mais riche à l’intérieur. Un escalier monumental dessert notamment les étages. Si, en toute logique, l’escalier n’est pas présent dans l’exposition, de nombreuses pièces de mobilier le sont.

Colorer Barcelone

Connaître Gaudí, c’est aussi connaître Barcelone, la ville étant indissociable de son œuvre. Gaudí réalise ses premières productions alors que la cité est en pleine transformation et connaît une effervescence artistique et économique. L’industrie florissante a ouvert des possibilités importantes à la création architecturale, grâce à des financements aux sommes conséquentes. Pour les puissants industriels, soutenir des projets architecturaux est aussi l’occasion de montrer leur richesse. Güell fait partie de ceux qui font appel à des talents modernes, comme Gaudí. L’architecte a ainsi construit plusieurs maisons pour des familles bourgeoises catalanes. Parmi elles, on retrouve la Casa Vicens, et ses carreaux fleuris, la Casa Batlló et sa façade colorée, ou encore la Casa Milà et ses formes ondulantes.

Le « crash-test » avant la Sagrada Família

Gaudí n’a pas conçu que des palais, des parcs et des riches demeures. En bon chrétien, il a aussi réalisé des églises. En 1908, la première pierre de l’église de la Colònia Güell est posée à Santa Coloma de Cervello. C’est en toute logique une commande de Güell, qui souhaitait ajouter un lieu de culte à la cité ouvrière qu’il avait fait construire à côté de son usine de velours, en périphérie de Barcelone.

L’intérieur de la crypte de l’église est rustique, les couleurs sobres des pierres ne sont égayées que par des vitraux multicolores en forme de pétales. La structure est maintenue par de nombreuses arches, et beaucoup de piliers massifs, dont les formes plus ou moins tordues semblent défier les lois de la statique. L’église est un vrai terrain d’entraînement pour Gaudí. Il y teste en effet plusieurs innovations architecturales, qui lui serviront par la suite pour la construction de la Sagrada Família.

L’église de la Colònia Güell fut donc un projet ambitieux de Gaudí, mais sa construction a été interrompue en 1914, et n’a jamais repris. La Sagrada Família est elle aussi inachevée, les travaux devaient se terminer d’ici 2026, mais avec la pandémie du Covid-19, la fin du chantier a été repoussée à une date ultérieure encore inconnue. Mais même inachevées, les créations de Gaudí ont laissé une empreinte indélébile, autant sur Barcelone que sur l’architecture contemporaine.

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Écrit par Célie Chamoux - Voir tous ses articles