Tout Andy Warhol et son pop art en 1 oeuvre

Andy Warhol autoportrait

Focus sur une de ses oeuvres d’art emblématiques : l’auto – pop – trait de l’artiste

Quand on parle d’Andy Warhol, on pense au pop art, aux portraits de Marilyn, aux bouteilles de Coca Cola… Mais aussi à sa Factory à New York, ce lieu de rencontre avec les artistes et les célébrités inauguré en 1964, un lieu d’exposition, de performances. Ce n’est pas pour rien que Jean-Michel Basquiat rêve de l’intégrer ! C’est là aussi qu’ont lieu les premiers concerts de The Velvet Underground, le fameux groupe de Lou Reed. Bref, Andy Warhol, de son vrai nom Andrew Warhola, est un artiste total, touche-à-tout, qui multiplie les rencontres et les collaborations.

Mais le pape du pop art ne fait pas que représenter les autres célébrités qu’il croise au Studio 54. Dans sa vie comme dans son œuvre, il a l’art de se mettre en scène et se fascine pour la culture populaire. Un vrai pro pour rendre célèbre tout ce qui l’entoure, y compris lui-même ! Neuf Andy Warhol vous observent… Impressionnant, non ?

Autoportrait de Andy Warhol, 1966
Andy Warhol, Autoportrait, 1966. Encre sérigraphique, peinture polymère synthétique sur neuf toiles, 171,7 x 171,7 cm. New York, MoMA.© 2020 Andy Warhol Foundation for the Visual Arts.

Andy, une pop star de l’art contemporain

Quand il crée cette œuvre en 1966, Andy Warhol est à la fois un artiste reconnu et une véritable star ! Chef de file du pop art américain, un mouvement qui met à l’honneur les produits de la société de consommation, il introduit dans ses œuvres aussi bien des images de personnalités publiques et célébrités (Marylin Monroe, Liz Taylor, Mao Zedong ou Jackie Kennedy par exemple) que des éléments visuels de la vie quotidienne (comme les boîtes de soupe Campbell, le logo de Paramount ou les bouteilles de Coca Cola).

L’artiste originaire de Pittsburgh en Pennsylvanie se prend également souvent pour sujet. Et comme il est lui-même une star, pourquoi ne pas se peindre dans le style d’une Marylin ou d’une Liz ? Cet autoportrait de 1966 est une mosaïque de neuf toiles accolées les unes aux autres. L’artiste y est représenté pensif, la tête légèrement tournée vers la gauche, deux doigts sur la bouche. Une partie de son visage disparaît dans l’ombre. Les formes sont simplifiées, l’expression figée et vide de sentiment. Superficiel ? Peut-être, mais cet autoportrait est troublant. Les neuf visages dupliqués, telles des radiographies, happent notre regard : difficile de les oublier !

Une reproduction à la chaîne, typique du pop art

La technique utilisée est celle de la sérigraphie. Andy Warhol se prend en photo à l’aide d’un déclencheur automatique – un selfie de l’époque ! – , la recadre puis en fait un négatif sur une toile (qu’on appelle « tamis »). Ce tamis sert ensuite de pochoir pour apposer des aplats de couleurs sur la toile. Pour cet autoportrait, il l’utilise neuf fois, avec des variations de couleurs primaires et secondaires, créant de forts contrastes qui frappent l’œil.

Grâce à la sérigraphie, Andy Warhol produit à la chaîne, facilement et à l’infini. Et comme il maîtrise à la perfection l’art de la communication et de la provocation, il affirme les peindre comme « une machine » : ses assistants peuvent d’ailleurs très bien le faire à sa place ! La réaction des critiques ne se fait pas attendre : l’artiste est tout autant admiré que controversé.

Derrière le miroir d’Andy Warhol

Si cet autoportrait est fascinant, c’est peut-être parce qu’en se représentant en neuf exemplaires dépouillés, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait différents, l’artiste devient une simple image, presque un objet. Comme une boîte de soupe Campbell ou une bouteille de Coca Cola. Avec Andy Warhol, les objets de consommation se transforment en œuvres d’art et les œuvres d’art, reproductibles à l’infini… en objets de consommation ! Les « grands magasins deviendront les nouveaux musées et les musées des grands magasins », écrit l’ancien dessinateur publicitaire. 

À cela s’ajoute, et c’est perceptible dans nombre de ses œuvres, une réflexion pleine d’angoisse sur la mort. Il fait le portrait de Marilyn Monroe alors que celle-ci vient à peine de mourir et celui de Liz Taylor quand elle est dans le coma. En se peignant encore et encore à la manière d’une icône glamour quasi sacrée, il tente à sa façon de s’inscrire dans une forme d’éternité… Aura-t-il raison ? L’héritage intemporel de l’artiste, près de 40 ans après sa mort en 1987, l’a ancré non seulement dans le panthéon artistique mais également dans la culture populaire et se traduit encore aujourd’hui par des ventes en millions de dollars aux enchères. 

Éléonore Nessmann

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Écrit par Lisa Level - Voir tous ses articles