Comment ne pas être séduit par les œuvres éblouissantes de Klimt ? Ce peintre viennois, célèbre pour ses portraits dorés, développe un style à mi-chemin entre l’art classique, qui dessine les choses avec précision, et l’art moderne, avec ces motifs colorés qui deviennent abstraits. Mais ses tableaux ne sont pas que décoratifs, ils donnent aussi matière à réflexion ! Découvrez en 5 minutes cet artiste résolument moderne et pionnier de l’Art nouveau.
Qui est le peintre Gustav Klimt ?
Gustav Klimt naît le 14 juillet 1862 dans la banlieue de Vienne, deuxième d’une fratrie de sept enfants. Ses parents ne sont pas riches ; mais Gustav et son petit frère Ernst se montrent suffisamment doués pour étudier l’art. Aux Beaux-Arts de Vienne, ils préfèrent l’École des arts appliqués. Ils commencent alors par travailler le dessin, mais c’est pour leurs peintures qu’ils sont rapidement reconnus. On les engage pour réaliser des décors de théâtre, et les deux frères fondent leur entreprise dédiée, « La Compagnie », en 1883. Ces premières œuvres, très académiques, correspondent aux goûts de la société bourgeoise de l’époque. Mais Klimt va bientôt s’émanciper des codes du classicisme.
Le tournant de Klimt vers l’art moderne
En 1892, à la mort de son frère Ernst, décédé à 28 ans de maladie, Klimt dissout son atelier. C’est le début d’un changement de direction ! Il fait scandale avec trois peintures commandées par l’État pour l’université de Vienne, des allégories représentant la Philosophie, la Médecine et la Jurisprudence. Klimt détourne la représentation traditionnelle du sujet : le résultat est si moderne et hors norme que l’État refuse d’accrocher les toiles (elles ont, depuis, disparu dans un incendie).
L’artiste se démarque aussi par ses nombreux portraits de femmes, antiques ou modernes, touchantes, sensuelles, mais aussi parfois inquiétantes ou froides. Ne s’en tenant pas à l’érotisme, il ose même représenter des femmes enceintes, sujet jugé indécent à l’époque. De fait, le peintre a amplement eu l’occasion d’observer le déroulement de la grossesse. Au cours de sa vie, Klimt aura eu 14 enfants avec ses muses, dont trois seulement seront reconnus.
Puis Klimt fonde avec d’autres artistes la Sécession, un nouveau groupe ayant pour but de moderniser l’art autrichien et d’introduire le beau dans la vie de tous les jours. Sa devise est claire : « À toute époque son art, à tout art sa liberté ». Des artistes comme le peintre Egon Schiele ou l’architecte Josef Hoffmann ont fait partie de ce mouvement. Klimt et ses comparses ont une ambition : mettre fin à la séparation entre arts mineurs et arts majeurs, pour créer une œuvre d’art totale.
Ils érigent ensemble à Vienne le Palais de la Sécession, où Klimt peint la monumentale Frise Beethoven illustrant la célèbre Hymne à la Joie. De la dorure, des motifs byzantins, des figures aplaties : on est bien loin de ses décors classiques de jeunesse !
Moderniser l’art autrichien implique aussi de s’ouvrir aux influences étrangères. C’est à cette époque, à la fin du XIXe siècle, que le symbolisme se diffuse en Europe. Klimt s’ancre dans ce mouvement artistique qui préfère la peinture de mondes imaginaires, peuplés de créatures fantastiques, à la représentation du quotidien. Les symbolistes illustrent les idées par des images concrètes. En allant au-delà du visible, ils explorent l’âme humaine.
Klimt et l’Art nouveau
En 1903, inspiré par les mosaïques byzantines, Klimt commence à utiliser l’or dans ses huiles sur toile. Outre un résultat éblouissant, c’est aussi un parti pris inédit ! En mêlant feuilles d’or et nombreux motifs, il imagine un travail entre peinture et arts décoratifs. À une époque où les arts sont hiérarchisés, mélanger l’artisanat à la peinture équivaut à une révolution ! De plus, l’or est traditionnellement réservé aux personnages sacrés, mais Klimt a l’audace de l’utiliser sans distinction. Dans ses portraits, seuls les visages sont réalistes, tandis que les décors abstraits multiplient les motifs.
Cette période dorée sera suivie d’une période fleurie, qui durera jusqu’à sa mort en 1918. Inspiré par la luxuriance de la nature, le peintre recouvre ses toiles de fleurs multicolores. Sans aucune profondeur, la végétation forme une mosaïque, les fleurs deviennent motifs. Klimt pose ainsi les fondations de l’Art nouveau, qui réunit toutes les formes d’art : peinture, sculpture, architecture, mais aussi la mode, les bijoux, les meubles… En faisant des objets du quotidien des créations artistiques, il s’agit de mettre la beauté à portée du plus grand nombre.
3 grands tableaux de Klimt
Les Trois Âges de la vie
La vie et la mort, le passage du temps, sont des thèmes chers à Klimt, comme aux symbolistes. Il les développe ici sous forme d’allégorie avec ces trois femmes. Autour de la mère et l’enfant fleurissent des motifs colorés, flirtant avec les arts décoratifs. Autour de la vieille femme, les formes se raréfient, s’allongent et s’assombrissent. Elles finissent par disparaître au profit de larges surfaces noires : ce néant, c’est la mort. À travers ces trois personnages et ce riche décor, Klimt évoque la fragilité de la vie.
Adèle Bloch-Bauer I
Dans ce portrait, Klimt a fait d’Adèle Bloch-Bauer l’icône de son art nouveau. Ici, le modèle est étouffé dans une marée d’or qui empêche toute perspective. Le peintre a joué de toutes les possibilités du métal en collant des feuilles d’or sur un fond minutieusement travaillée. Il se décline en de multiples nuances, accompagné de spirales, d’yeux étincelants et de motifs ésotériques qui sont la marque de fabrique de Klimt. Aujourd’hui, on surnomme Adèle Bloch-Bauer « La Mona Lisa autrichienne. »
Le baiser
Ce chef d’œuvre est le baiser le plus célèbre de l’histoire de l’art. Klimt y dépeint un couple enlacé. Comme à son habitude, le peintre détaille les visages, particulièrement celui de la femme qui exprime la sérénité ; mais le décor et les vêtements sont abstraits et enveloppent les personnages d’or. Aux motifs géométriques du manteau de l’homme répondent les fleurs du vêtement de la femme, presque abstraites.
On trouve aussi des fleurs dans les cheveux du couple et sur le tapis végétal à leurs pieds. En effet, les fleurs et la végétations sont typiques de l’Art nouveau. Quant à l’identité de ces amoureux, elle reste en suspens. Serait-ce le peintre et sa compagne, Emilie Flöge, ou plutôt une allégorie ? Grâce à l’usage de l’or, Klimt élève la scène au rang d’icône et fait de ce baiser intemporel le symbole de l’Amour éternel.
Où voir les œuvres de Klimt
Pour admirer la plupart des œuvres de Klimt, il faudra se rendre à Vienne : au Wien Museum, au Musée Leopold ou encore au Belvédère, qui détient la plus grande collection de tableaux de l’artiste.

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