Lignes noires, carrés et rectangles de couleur, grands espaces blancs : voilà ce qu’évoque immédiatement le nom de ce maître de l’art abstrait. Mais savez-vous que Mondrian, c’est d’abord Piet Cornelis Mondriaan ? Artiste hollandais de formation classique, il change son nom pour signifier sa volte-face artistique. D’Amsterdam à Londres, New York et surtout Paris, il perfectionne son art en plus de 50 ans de carrière. Et ce n’est qu’après de nombreuses années qu’il aboutit au style si reconnaissable qui le définit aujourd’hui. Découvrez en 5 minutes le premier peintre abstrait !
Qui est le peintre Piet Mondrian ?
Piet Mondriaan est né en 1872 aux Pays-Bas. Très vite, son père, directeur d’école, lui transmet sa passion du dessin et son oncle, artiste, l’emmène peindre en plein air. Les paysages naturels d’Hollande resteront le sujet préféré de sa jeunesse ! À 20 ans, Mondrian entre à l’Académie des beaux-arts d’Amsterdam. Il y reçoit une formation picturale très conservatrice, privilégiant les sujets traditionnels et les copies de maîtres. Mais déjà, on peut déceler dans ses peintures un goût particulier pour les lignes et les contours, la structure des choses plutôt que les détails. C’est le début d’un parcours artistique qui durera toute sa vie !
Les peintures de Mondrian : de l’art figuratif à l’art moderne
C’est au début du XXe siècle que Mondrian découvre les peintres qui, avant lui, ont repoussé les limites de l’art, en s’éloignant de plus en plus de la représentation fidèle du réel : les impressionnistes, les fauves, puis les cubistes. Fasciné, il leur emboîte le pas en se focalisant sur les couleurs pures et la représentation symbolique, voire schématique, du réel. Sous l’influence de Picasso et de Braque, il finit par réduire les objets à leurs contours, jusqu’à ne garder que des lignes, comme dans Composition ovale en plans de couleurs, réalisée en 1914.
Plus tard, il rejoindra le groupe De Stijl fondé en 1917. Celui-ci rassemble, autour de la revue du même nom, des artistes d’avant-garde partageant leurs recherches sur l’abstraction et l’utilisation des couleurs primaires. Tout au long de sa carrière, Mondrian ne cesse d’expérimenter et de renouveler son art.
L’abstraction poussée à l’extrême : le néoplasticisme
Ce cheminement atteint son apogée à partir de 1914, après les deux années passées par Mondrian à Paris. Il a alors 42 ans et s’apprête à rompre définitivement avec la figuration. Il développe un style qui privilégie la force de la composition, constituée de formes géométriques et de traits noirs horizontaux ou verticaux. L’artiste cherche à supprimer toute profondeur de ses toiles. Leur sujet devient méconnaissable et disparaît. Il crée ensuite des tableaux composés uniquement de carrés de couleur, perfectionnant son style géométrique.
En 1920, il aboutit enfin au code Mondrian : l’utilisation exclusive de couleurs primaires, ainsi que de lignes horizontales et verticales (voir ci-dessous) ; un dépouillement artistique radical ! Les formes sont dépourvues de toute signification ou symbolisme, mais une fois agencées par le peintre, elles reflètent les équilibres harmonieux de l’univers. De fait, pour Mondrian, le néoplasticisme est aussi une manière d’ordonner le monde : c’est pourquoi ses principes vont s’appliquer à tous les domaines, du design des meubles à l’architecture des immeubles !
Les œuvres marquantes de Piet Mondrian
Les « Plus-minus »
Inspiré par le cubisme, Mondrian commence déjà à les dépasser dans une série d’œuvres composées de petits traits noirs. Verticaux ou horizontaux, ils se croisent parfois en formant des croix, d’où l’appellation de « plus-minus » en référence à tous ces « + » et « – ».
Composition n° VI représente une façade d’immeuble, mais cela est difficile à deviner tant Mondrian schématise son sujet ! Puis, dans Jetée et océan 5 : [Mer et ciel étoilé], l’artiste peint l’océan sans aucune profondeur : les traits horizontaux figurent l’eau plate, tandis que les segments verticaux symbolisent une jetée. L’agencement de lignes horizontales et verticales reflètent en réalité l’équilibre entre la vie matérielle et la vie spirituelle, une vision issue de la théosophie, doctrine que Mondrian adopte en 1909.
Les Compositions selon le code Mondrian
Ces tableaux sont pour Mondrian l’aboutissement d’années de recherche, et la mise en pratique de son art nouveau.
Réalisée en 1930, Composition avec rouge, bleu et jaune associe les trois couleurs primaires au blanc en de larges plages, encadrées de droites noires qui s’étendent jusqu’au au bord du tableau, comme si elles se poursuivaient au-delà.
Dans Composition en rouge, bleu et blanc, l’artiste va plus loin : ces lignes noires occupent de plus en plus de place. Les couleurs, réduites au nombre de deux, sont rejetées contre le bord et paraissent écrasées.
Quant à Composition dans le losange avec deux lignes, elle ne contient plus aucune couleur : le blanc règne en maître dans une toile en losange. Dans un coin, deux lignes noires se croisent, semblant se dérouler à l’infini en dehors du tableau.
Broadway Boogie Woogie, 1942-1943
À la fin de sa vie, Mondrian s’installe à New-York, où il découvre Broadway, le fameux quartier des spectacles. Ses lumières, ses gratte-ciels, son rythme effréné et ses rues à angle droit l’inspirent pour réaliser un ultime chef-d’œuvre : Broadway Boogie Woogie. Il s’agit cette fois d’une toile carrée quadrillée de lignes jaunes, entrecoupées de petits carrés aux couleurs éclatantes et de modules colorés. Tout en respectant ses principes, Mondrian se renouvelle encore !
Où voir les œuvres de Mondrian
Le musée d’Art de La Haye, situé aux Pays-Bas, contient la plus grande collection d’œuvres de Mondrian : près de 300 tableaux qui courent toutes les étapes du parcours artistiques du peintre.
Certaines des œuvres de Mondrian se trouvent aussi au MoMA, le Musée d’Art Moderne de New York.
Plus proche, le Centre Pompidou à Paris donne à voir quelques tableaux de l’artiste.
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