4 architectes qui se sont inspirés de Gaudí

Architecte

Même si les œuvres d’Antoni Gaudí ne sont visibles qu’en Catalogne, c’est bien toute l’architecture mondiale qu’il a influencée. Il a été une des figures de proue du modernisme catalan, un mouvement artistique associé à l’Art nouveau, qui s’est développé à partir des années 1880. Il se caractérise par une prédominance des courbes et des formes inspirées de la nature. Gaudí est allé encore plus loin, repoussant les limites de ce qui pouvait être réalisé alors. Les formes asymétriques de ses bâtiments en sont la preuve. Un parti-pris dont ont hérité les architectes d’hier et d’aujourd’hui, entre hommages et adaptations…

Friedensreich Hundertwasser (1928-2000)

L’architecte et peintre autrichien fait construire entre 1983 et 1985 la Hundertwasserhaus (« Maison de Hundertwasser ») avec l’aide de son collègue Joseph Krawina. L’immeuble, situé à Vienne, attire l’œil avec ses blocs de différentes couleurs aux contours quelque peu asymétriques, comme si un enfant avait dessiné les plans. Autant dire que ça ne correspond pas du tout au standard de l’architecture traditionnelle autrichienne ! Appartenant désormais à la ville, il contient aujourd’hui à la fois des habitations privées et d’autres publiques qui attirent de nombreux touristes en quête d’un endroit inédit. Le lieu est insolite jusqu’à son toit : c’est un immeuble « chevelu », avec plus de 200 arbres en guise de terrasse.

Au delà de la maison, c’est tout le travail d’Hundertwasser qui présente des points communs avec celui de Gaudí. Les deux hommes ont tout deux créé des bâtiments qui se rapprochaient de la nature, par leur esthétique ou leurs matériaux. Sans compter qu’ils partagent un certain goût pour la couleur et les formes asymétriques et ondulantes.

Zaha Hadid (1950-2016)

« L’architecte du futur construira en imitant la nature, parce que c’est la méthode la plus rationnelle, la plus durable et la plus économique », disait Gaudí au début du 20e siècle. Et ce n’est probablement pas l’architecte anglo-irakienne Zaha Hadid qui le démentirait. Les bâtiments aux formes irrégulières et excentriques sont devenus sa marque de fabrique. Elle est même surnommée la « reine des courbes ».

C’est aussi l’une des représentantes du « déconstructivisme ». Ce courant architectural, qui fait la part belle aux formes non-linéaires et asymétriques, s’est développé dans les années 1990 en opposition à la rationalité du modernisme. Le travail de Zaha Hadid emprunte également à l’architecture organique, dont le but est de fondre un bâtiment dans l’environnement naturel qui l’entoure. La plupart de ses œuvres ont ainsi des formes fluides, qui imitent celles du vivant et donnent l’impression d’être en mouvement.

Parmi les plus connus, on retrouve le centre culturel Heydar-Aliyev à Bakou (Azerbaïdjan), le Dongdaemun Design Plaza à Séoul (Corée du Sud), ou encore la tour Mayfair à Melbourne (Australie) – qui ressemble quelque peu à la Casa Milà, construite à Barcelone par Gaudí. Grâce à ces réalisations audacieuses, Zaha Hadid a été la première femme à recevoir en 2004 le prix Pritzker, récompense ultime dans le monde de l’architecture.

Santiago Calatrava (1951- )

Tout comme Gaudí, Santiago Calatrava est espagnol, et tout comme lui, c’est une pointure de l’architecture. Il s’est d’abord fait connaître à travers le monde grâce à ses ponts, souvent conçus à l’occasion de prestigieux événements. On lui a notamment commandé le pont Bac de Roda pour les Jeux olympiques de Barcelone en 1992, ou encore le pont de l’Alamillo pour l’Exposition universelle de Séville la même année.

Mais l’un de ses plus grands projets reste sans doute la Cité des Arts et des Sciences de Valence, qui est pour lui un peu ce que la Sagrada Família était pour Gaudi. Le lieu regroupe un ensemble de six bâtiments, que Calatrava a imaginé avec Félix Candela. Le premier bâtiment, le cinéma ultra moderne Hemisfèric, est inauguré en 1998, tandis que le dernier élément, l’Ágora, est terminé en 2009. Soit plus de 10 ans de chantier !

Comme dans le reste de son travail, l’architecte imite les formes de la nature, en privilégiant les courbes, tel Gaudi avant lui. C’est même parfois l’œuvre entière qui rappelle le vivant : l’Hemisfèric représente un œil, le musée des sciences Príncipe Felipe ressemble à un squelette, tandis que la gare du World Trade Center PAHT Station, surnommée l’Oculus, fait penser à un oiseau qui prend son envol. Malgré les points communs entre son travail et celui de Gaudi, une différence majeure demeure : la couleur. Calatrava est un adepte du blanc !

Norman Foster (1935 – )

En plus d’être connu mondialement, l’architecte britannique Norman Foster est l’un des principaux représentants de l’architecture high-tech. Qu’est-ce donc ? Des immeubles futuristes aux multiples gadgets ? Pas tout à fait… L’architecture high-tech est un mouvement qui a débuté dans les années 1970, et qui utilise les avancées technologiques les plus récentes en s’inspirant de l’esthétique industrielle. En France, le bâtiment le plus connu de ce mouvement est le Centre Pompidou, conçu par Renzo Piano et Richard Rogers et inauguré en 1977.

Revenons à Norman Foster. En 2007, il est choisi suite à un concours pour rénover la façade du Camp Nou, le stade principal de Barcelone. L’architecte a imaginé un revêtement bariolé, clairement inspiré des céramiques colorées qu’utilisait Gaudí, notamment sur le toit de la Casa Batlló. Il ne choisit cependant pas les teintes au hasard : les losanges qui parsèment le revêtement sont aux couleurs du club de football FC Barcelone, c’est-à-dire rouge et bleu. Les couleurs de la Catalogne « l’or et le sang » sont aussi mises en valeur. Les losanges sont en fait des panneaux de verre et de polycarbonate teintés. Du travail d’orfèvre… Mais qui ne s’est jamais concrétisé, après le changement de direction du FC Barcelone en 2010.

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Écrit par Célie Chamoux - Voir tous ses articles