Avez-vous déjà vu les œuvres de l’artiste JR ? Paris, New York, Nairobi, Rio de Janeiro ou encore Shanghai, JR s’est emparé du monde entier. Lorsque la rue est une galerie, ses monumentales œuvres sont difficiles à manquer. Le fil rouge du travail de l’artiste : des images immenses proposant une réflexion sur l’identité et dénonçant les travers de la société contemporaine.
Les débuts des collages de JR
Né à Paris, JR grandit à Montfermeil où il passe beaucoup de temps avec ses parents sur les marchés et sur leur stand aux puces de Clignancourt. À 17 ans, ses bombes de peinture sous le bras, il n’a encore aucune idée qu’il deviendra le célèbre street artiste français et humaniste imperturbable qui se fait connaître par le surnom « JR ». Deux lettres qui restent mystérieuses, bien que les rumeurs tendent vers le prénom Jean-René.
Expo 2 Rue
JR débute sa carrière par le graffiti. Il se rend principalement sur les toits de Paris et décore les rames de métro. Son désir : laisser une trace dans la société. Après avoir découvert un appareil photo dans le métro, il se lance dans la photographie et commence à documenter son processus de création et celui d’autres artistes de rue. Très vite, il placarde ses photographies sur les murs de Paris et alors possède la plus grande galerie d’art au monde : la rue. Cette exposition sauvage qu’il intitule Expo 2 Rue visite également les murs et toits de Rome et de New York.
Portrait d’une génération
Les émeutes urbaines des Bosquets de 2005, c’est l’évènement qui déclenche tout chez JR. Outré par la façon dont les médias décrivent ses amis, « des racailles violentes qui ont apprécié casser et attaquer sans raison », l’artiste décide de réaliser le Portrait d’une génération. Muni de son objectif 28 millimètres, JR, et son ami artiste Ladj Ly du collectif Kourtrajmé, retourne au cœur du quartier. Ensemble ils réalisent des portraits en gros plan des jeunes mimant des visages menaçants. Ces collages invitent à questionner le point de vue limité qu’offrent les médias et à prendre le temps d’apprendre à connaître les gens avant de leur claquer la porte au nez.
Ce projet inspira en 2014 un ballet créé en collaboration avec le New York City Ballet qui s’intitule ainsi Les Bosquets et qui donne lieu à six représentations. Suivront plusieurs séries de photographies avec des danseurs du corps de ballet du NYCB et de l’Opéra de Paris. De beaux premiers pas dans la chorégraphie pour l’artiste français !
Des projets humains par-delà les murs
Frontières ou bien prison, toujours doté de son chapeau et sa paire de lunettes, JR se démène pour apaiser les tensions qui existent des deux côtés du mur.
Face 2 Face
Le projet Face2Face prend forme lorsque JR se rend au Proche-Orient avec Marco Berrebi pour essayer de comprendre les racines du conflit israélo-palestinien. Traversant les villes palestiniennes et israéliennes, les yeux grands ouverts, ils réalisent ensemble que ce mur de séparation ne fait que cacher à quel point Palestiniens et Israéliens sont semblables. Des deux côtés de la frontière, ils collent d’immenses portraits en face à face de Palestiniens et d’Israéliens faisant le même métier. Ce que l’on peut observer : les mêmes grimaces, les mêmes sourires, les mêmes regards…
Migrants
En 2017, JR a placé un de ses géants – ces installations photographiques monumentales créées in situ sur des échafaudages – près de la ville mexicaine de Tecate : Kikito, un jeune garçon jetant un coup d’œil par-dessus la barrière frontalière qui sépare les États-Unis et le Mexique. Pour marquer le dernier jour de l’installation, l’artiste organise un pique-nique de part et d’autre de la clôture. Les participants sont assis autour d’une table sur laquelle est collée une immense photographie de JR représentant les yeux d’un rêveur. Cette photo fait référence aux migrants sans papiers arrivés aux États-Unis alors qu’ils n’étaient qu’enfants, les yeux encore pleins d’étoiles. Pendant un instant, Américains comme Mexicains peuvent oublier cette séparation et profiter presque ensemble d’un repas.
Tehachapi
En 2019, JR emmène son équipe de 15 spécialistes au sein de la prison de sécurité maximale de la ville de Tehachapi. Il a un objectif en tête : offrir une vision à multiples regards, multiples facettes, de l’univers carcéral. JR utilise les portraits qu’il réalise pour décorer la cour de la prison. Il obtient aussi le témoignage de 48 occupants : des prisonniers, des anciens détenus et des membres du personnel. Afin que tous puissent accéder aux histoires des participants, l’artiste crée l’application JR:murals disponible sur Iphone et Android.
La mémoire des lieux
Les villes sont pleines d’histoires pour qui prend le temps de les repérer et JR entend bien les dévoiler aux yeux de tous !
The Wrinkles of the City
Des visages creusés par la guerre civile espagnole, par la révolution cubaine mais aussi plus simplement des visages ayant vécu, ayant observé les transformations des villes. JR a tissé des liens entre les sillons architecturaux et les “rides” humaines que l’on trouve dans n’importe quelle ville. Le projet Wrinkles est lancé à Carthagène en 2008, s’ensuit d’ailleurs un film intitulé Los Surcos de la Ciudad co-réalisé avec Jose Parla. Il rejoint Shanghai dans le cadre de la Biennale d’art contemporain au Musée des Beaux Arts, puis Los Angeles, La Havane, Berlin et enfin Istanbul. Il nous invite à regarder d’un nouvel œil les anciens et à ne pas oublier tout ce qu’ils ont à nous transmettre.
Unframed
Mettre en lumière la diversité et la richesse des communautés locales. Transformer des espaces urbains en lieux d’expression et de rencontre. C’est l’idée de JR lorsqu’il entreprend le projet Unframed. L’artiste sélectionne des images de photographes célèbres qui l’ont inspiré et les utilise pour recouvrir des lieux abandonnés, des monuments historiques et des bâtiments en rénovation. Des images d’archives sont également interprétées et revues par JR afin de redonner vie à certains habitants ayant été impliqués dans la vie locale. Il crée ainsi une interaction entre l’art et l’environnement urbain et nous invite à prendre le temps de se remémorer l’histoire… d’un lieu, d’une ville, d’une communauté.
L’Observatoire
En 2024, JR fait un plongeon dans l’histoire pour réinterpréter un wagon du mythique Venice Simplon-Orient-Express. L’Observatoire, comme il a choisi de l’appeler, s’inspire des designs Art Déco de la flotte originale de l’Express. L’artiste a utilisé des techniques artisanales pour parvenir à ce petit voyage dans le temps. Une pièce secrète dissimulée dans la bibliothèque, des lucarnes en forme d’occulus, une marqueterie qui s’étend dans tout le wagon… Un réel cabinet des curiosités ! Cette petite merveille rejoindra le train du VSOE en 2025.
Donner voix à ceux qui ne sont pas écoutés
Au quotidien, il faut tendre une oreille attentive vers ceux qui cherchent désespérément à se faire entendre. Grâce à JR et à ses créations, nous ouvrons les yeux sur tous ceux qui nous entourent.
Women Are Heroes
Women Are Heroes naît dans l’imaginaire de l’artiste lorsque JR se rend dans des zones en conflit et constate que les premières victimes sont les femmes. Il décide alors de les photographier pour les montrer telles qu’elles sont réellement : des guerrières fortes et robustes. Certaines préfèrent montrer un visage neutre dont les yeux sont noircis par la dureté de leur quotidien, d’autres sourient et font la grimace pour révéler la joie de vivre qu’elles conservent malgré tout.
Le projet prend racines dans la favela Morro da Providência à Rio de Janeiro au Brésil, avant de s’étendre au Libéria, au Kenya, au Cambodge ou encore à l’Inde. En placardant les photos dans des lieux où elles prennent tout leur sens – leur village, les villes voisines ou à l’autre bout du monde – JR souhaite souligner le rôle essentiel tenu par les femmes dans notre société.
Omelia Contadina
Direction les campagnes italiennes ! Alors que les multinationales du secteur agroalimentaire prennent de plus en plus de place, JR et la réalisatrice Alice Rohrwacher cherchent à mettre en lumière le mode de vie et les traditions des agriculteurs grâce auxquels nous avons de la nourriture dans nos assiettes.
JR réalise une série de portraits de personnes vivant dans des villages isolés et souvent méconnus du grand public. Imprimés sur des bâches grand format, les portraits de deux agriculteurs et deux agricultrices sont exposés dans les rues des villes italiennes puis font l’objet d’une cérémonie d’enterrement. Une sépulture joviale comme un hymne à l’agriculture traditionnelle, un cri d’espoir qui transparaît dans leur court-métrage Omelia Contadina.
Déplacé.e.s
Le projet Déplacé.e.s, c’est 5 portraits, 5 enfants, 5 histoires. Valeriia. Thierry. Jamal. Andiara. Mozhda. Il s’agit d’une série de grandes installations réalisées dans plusieurs villes et camps de réfugiés du monde : Lviv en Ukraine, Mugombwa au Rwanda, Mbera en Mauritanie, Las Delicias en Colombie et enfin Lesbos en Grèce. En mettant en lumière les visages et les histoires de ces personnes, JR invite les spectateurs à prendre conscience de leur humanité commune et à se mettre à leur place, encourageant le dialogue et l’empathie envers les migrants et les réfugiés.
Des illusions dans nos villes : JR au Louvre, à Rio de Janeiro ou à Tokyo
Ouvrez grand les yeux ! Avec ces créations du photo-graffeur, il est presque impossible de discerner le vrai du faux.
Trompe-l’oeil
JR est venu mettre sa touche de noir et blanc dans les décors de notre quotidien grâce à des trompe-l’œil parfaitement exécutés. Les anamorphoses, JR adore. Nous avons pu observer ses installations, sous le bon angle, un peu partout dans la capitale française. Les façades du Trocadéro, la façade du palais de Tokyo, mais son coup de maître reste la disparition puis réapparition de la pyramide du musée du Louvre.
Il réserve les profondes entailles qui trompent nos regards pour les bâtiments italiens : le Palais Strozzi à Florence, le Palais Farnese à Rome et enfin la Gare de Milano Centrale. Et le désert ne fait pas peur à notre JR qui est allé reproduire les magnifiques paysages de la vallée de la Mort et du plateau de Gizeh.
Retour à la Caverne
Le palais Garnier enfile son costume pour l’opéra ! En automne 2023, JR est invité à habiller les travaux de rénovation de ce lieu mythique. Alors, il transforme le bâtiment mythique en une vaste caverne s’ouvrant sur un passage de roches et de lumière. À la manière d’un libretto d’opéra, l’artiste propose une métamorphose de la façade en deux actes.
Le premier Acte de Retour à la Caverne fait alors honneur aux origines du chant et de la danse en mélangeant l’architecture romantique des colonnades du bâtiment à la structure archaïque d’une ouverture géologique à la grecque antique.
Par le second acte, les visiteurs sont invités à faire un plongeon radical au cœur de la grotte. Les parois sont recouvertes d’une constellation d’empreintes humaines, certaines d’entre elles collectées lors de l’atelier Mano Habilis proposé par le 19M, ancrant ainsi la grotte comme un berceau de l’art pariétal.
Comme un clin d’œil à la caverne de Platon, JR espère voir les spectateurs ressortir de cette expérience avec un esprit ouvert et une meilleure compréhension du monde.
C’est vous la vedette
JR est un artiste qui affectionne particulièrement partir à la rencontre des gens sur les routes, dans leurs villes… Seulement, les messages méritent parfois d’être transmis à l’état pur, sans interférence, sans ajout de la patte artistique de JR. Et cela, l’artiste l’a tout aussi bien compris.
Inside Out Project (IOP)
C’est en 2011, lorsque JR reçut le prix TED qu’il annonça un de ses plus grands projets jusqu’à ce jour : Inside Out Project. Le concept est très simple. Grâce à des cabines photographiques situées partout dans le monde – Londres, Amsterdam, Dallas et Abu Dhabi parmi tant d’autres – JR offre à tous la possibilité de partager leur portrait et un témoignage. Une photographie, une histoire. Aujourd’hui, ce projet regroupe plus de 550 000 posters, de personnes issues de 152 pays, collés sur les murs de leurs communautés. Et pour que ces confessions des quatre coins du monde puissent être écoutées par tous, les photographies sont mises en ligne sur un site dédié.
Où voir les projets artistiques de JR ?
Le projet initial de JR est d’exposer dans les villes mêmes dont sont originaires ses sujets. En placardant les murs du monde entier, l’artiste obtient ainsi l’attention des personnes qui ne fréquentent pas les musées habituellement.
Seulement, ces collages géants ne peuvent pas rester indéfiniment au même endroit. Ils voyagent autour du monde afin de toucher d’autres publics, de satisfaire les collectionneurs et d’inspirer de nouveaux artistes.
JR est représenté à Paris, Hong Kong et New York par le galeriste Emmanuel Perrotin, en Suisse par Simon Studer Art et en Chine et en Angleterre par Magda Danysz.
Pour être au courant de ses actualités et ses installations, n’hésitez pas à suivre JR sur son site régulièrement mis à jour.
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