5 minutes pour découvrir Marc Chagall

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Rien ne le prédestinait à devenir artiste. Mais la peinture est sa vie, sa respiration, une nécessité absolue. Encore aujourd’hui, Marc Chagall fascine par ses œuvres merveilleuses et étranges. Toute sa vie, il puise dans son enfance et ses souvenirs pour alimenter sa fantaisie poétique : il restera marqué par la culture juive, ses fêtes, ses traditions, ses contes. Tour à tour poète, rêveur, amoureux, Chagall est un artiste inclassable, qui ne s’est jamais inscrit dans aucune école. Découvrez en 5 minutes l’univers original du grand peintre-poète du XXe siècle !

Qui est le peintre Marc Chagall ?

Marc Chagall nait en 1887 dans le village de Vitebsk, en Russie. Il est issu d’une famille de paysans pauvres, juifs pratiquants. Dès son plus jeune âge, il décide de devenir peintre, contre l’avis de ses parents : le judaïsme proscrit la création d’images ! Il entre alors à l’école d’art de Jehuda Penn, puis part pour Saint-Pétersbourg en 1907. À l’École Zvanseva, sous l’impulsion de son maître Léon Bakst, le jeune homme découvre l’art moderne : Gauguin, Van Gogh, Cézanne… Une expérience qui va confirmer sa passion pour l’huile sur toile.

C’est en 1909 que Chagall rencontre Bella Rosenfeld, qui deviendra sa compagne et le sujet de nombreuses peintures. Elle a joué un rôle essentiel dans la vie de Chagall et sur son œuvre. Il l’épouse en 1915 et a avec elle une fille, Ida. Bella sera sa muse, jusqu’à sa mort en 1944.

Les années parisiennes de Chagall

En 1910, Chagall s’installe à Paris, capitale des arts. Il y intègre la Ruche où il retrouve plusieurs jeunes artistes exilés de Russie. Là, il rencontre Max Jacobs, Guillaume Apollinaire – le premier à célébrer Chagall –, ainsi que Blaise Cendrars. Ce dernier deviendra son meilleur ami et l’aidera à trouver les titres de nombre de ses tableaux !

Pour l’artiste, Paris symbolise la lumière et la liberté. Il est tiraillé entre l’art des avant-gardes, sa propre personnalité et sa nostalgie de la Russie. Mais malgré l’influence de ses contemporains, Chagall ne se laisse embrigader par aucun système !

Surtout, il reste tourné vers sa ville natale, Vitebsk. Les toiles de cette période sont inspirées du folklore juif, des contes familiers, du village retrouvé. Il expérimente un cubisme coloré dont il aime la géométrie. Il disloque, désarticule, fait se côtoyer simultanément le proche et le lointain, se moque de l’échelle des choses, oppose rectangles et cercles, défie la réalité et les lois de la gravitation.

Dès 1911, Chagall expose au salon des Indépendants. Puis en 1914, sa première grande exposition individuelle est organisée à Berlin. Sa peinture, qui s’oppose aux normes de l’expressionnisme allemand, ravit le public et les critiques : c’est le point de départ de sa notoriété !

Chagall entre célébrité et exil

Après ces quatre ans fructueux à Paris, Chagall rentre en Russie. Il adhère à la révolution de 1917, qui a fait des Juifs des citoyens à part entière. Nommé commissaire aux Beaux-Arts de Vitebsk, le peintre fonde une école d’art populaire, un musée et une académie. Mais il finit par être évincé par les autres artistes, dont Malevitch, son principal opposant. Il démissionne donc en 1920 et part pour Moscou, puis Berlin, avant de retourner à Paris en 1923 où il retrouve ses anciens amis.

Sa réputation grandit : il expose à Paris, Bruxelles, Dresde, Cologne, et même New York ! Mais dès 1933, en Allemagne, les œuvres de Chagall sont brulées et dérochées par les nazis. Inéluctablement, la montée du nazisme et de l’antisémitisme influence les thèmes de ses oeuvres : ses tableaux évoquent les dangers qui menacent son peuple.

Alors qu’il a obtenu la nationalité française, Chagall s’exile aux États-Unis en 1940. Il devient le Juif errant de ses tableaux, qui se nourrissent de son drame personnel et des tragiques évènements du monde. Souvent, il réalise deux versions d’une même oeuvre, et en recrée beaucoup qui avaient disparues. Après la guerre, en 1949, Chagall s’installe définitivement en France, sur la Côte d’Azur, où il continue à travailler jusqu’à sa mort en 1985.

Chagall le surnaturel

C’est Apollinaire qui qualifie ainsi le travail de Chagall, après avoir aperçu ses toiles pour la première fois. Marc Chagall a un répertoire symbolique bien à lui, qui lui vient de son imagination fabuleuse, de son amour de la vie, de sa culture bigarrée – la vieille Russie, les textes sacrés, sa curiosité qui lui fait côtoyer autant les artistes que les poètes et les écrivains.

Ses tableaux oniriques sont pleins d’humour et de fantaisie. On y retrouve souvent des personnages s’envolant, jouant de la musique, la tête à l’envers, ou encore des animaux rouges ou bleus… Le cirque et les acteurs sont aussi un sujet récurrent de ses œuvres, un thème qui lui rappelle que la vie peut être une fête.

Enfin, la Bible est une source infinie d’inspiration. Il s’agissait pour lui du « plus grand poème de l’humanité », qu’il déclinera sur tous les supports possibles durant sa carrière. En effet, Chagall ne s’en tient pas à la peinture. Artiste éclectique, il réalise aussi décors et costumes de théâtre et d’opéra, gravures, lithographies, sculptures, céramiques, tapisseries, vitraux, mosaïques…

En 1962, c’est à lui qu’André Malraux confie la réalisation d’une fresque qui orne encore aujourd’hui le plafond de l’opéra Garnier. Jusqu’à la fin de sa vie, Chagall continue de travailler, d’apprendre et d’expérimenter.  

3 grandes œuvres de Chagall

Moi et le village

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Marc Chagall, Moi et le village, 1911

Ce tableau peint à la Ruche témoigne de toute la nostalgie du peintre pour son enfance. Les animaux, ainsi que les éléments renversés – ici les personnages et les maisons -, sont typiques de Chagall. Au premier plan, c’est lui-même qu’il représente en vert ! Les couleurs éclatantes montrent l’influence de Delaunay, la géométrisation des formes celle du cubisme. Le poète Blaise Cendrars, ami de Chagall, est celui qui a trouvé le titre de ce tableau.

L’Autoportrait aux sept doigts

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Marc Chagall, Autoportrait aux sept doigts, 1913-1914

Dans cet étrange autoportrait, on retrouve les thèmes chers à Chagall. Paris est en fond à travers la fenêtre, mais sur la toile et dans les pensées du peintre, c’est bien son village qui s’impose. Quant aux sept doigts, il ne s’agit pas d’une erreur : le chiffre sept est très important pour Chagall, né le sept du mois de l’année 1887. Le nombre sept a aussi une signification magique, mystique et ésotérique dans la culture juive. 

La Crucifixion blanche

Marc Chagall, La Crucifixion blanche, 1938

Avec sa fantaisie habituelle, Chagall illustre un sujet plus sombre. Autour du Christ martyr, la débâcle des habitants, les bâtiments détruits et en flammes ainsi que les hommes armés qu’on voit approcher à l’arrière-plan reflètent des peurs bien réelles. A l’aube de la Seconde guerre mondiale, l’artiste est profondément affecté par les persécutions des Juifs par les nazis, l’évolution politique de la Russie et les bruits de bottes qui résonnent dans toute l’Europe.

Où voir les œuvres de Marc Chagall ?

Le Musée National d’Art Moderne, situé à Paris dans le Centre Georges-Pompidou, possède une des collections les plus représentatives de l’œuvre de Chagall.

À Nice, le Musée national Marc Chagall se consacre entièrement à l’artiste, plus particulièrement à ses toiles d’inspiration religieuse et spirituelle.

L’artiste étant d’origine russe, on trouve aussi des œuvres de Chagall à la Galerie Tretiakov à Moscou.

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Écrit par Candice Belly - Voir tous ses articles